Syndicalisme La souveraineté alimentaire nourrit les débats de la FNSEA
La hausse des prix des intrants et la souveraineté alimentaire ont été au cœur de la séance de clôture du congrès de la FNSEA, le 29 mars 2022. En présence du ministre de l’Agriculture, le syndicat a rappelé la nécessité de soutenir la production agricole française pour faire face, notamment, au conflit ukrainien.
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C’est à Besançon (Doubs), en « terre fromagère », que s’est tenu le soixante-seizième congrès de la FNSEA du lundi 28 au mardi 29 mars 2022. Après deux jours à huis clos, ponctués de vifs débats consacrés à la fois à l’actualité et à l’avenir du réseau syndical, la séance publique s’est ouverte 29 mars en fin de journée. Les discours des « officiels » et une séquence européenne sont venus clore l’événement.
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Un drame « aux portes de l’Europe »
Tous ont eu une pensée « émue » pour le peuple et les agriculteurs ukrainiens. Mariia Dudikh, directrice du forum national agraire ukrainien, a livré, en visioconférence, un témoignage émouvant sur le conflit en Ukraine et l’impact de la guerre sur l’agriculture de son pays.
« Ce drame qui se joue aux portes de l’Europe n’est pas sans conséquence pour le secteur agricole », s’est ému Samuel Vandaele, président de Jeune Agriculteurs. « Pertes de repères économiques, injonctions paradoxales les aiguilles agricoles s’affolent », s’est inquiétée Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, dans la capitale de l’horlogerie. Les prises de parole se sont tournées vers la souveraineté alimentaire et la hausse du prix des intrants, notamment de l’énergie.
La souveraineté « revient tragiquement au cœur du débat »
« 30 % du marché mondial du blé est dépendant du blé ukrainien et 750 millions de personnes de plus risquent de souffrir de la malnutrition », a rappelé la présidente la FNSEA. Elle n’a pas manqué de souligner les impacts importants de la crise géopolitique sur le prix des intrants dans les filières agricoles françaises.
« La souveraineté alimentaire revient tragiquement au cœur du débat », s’est désolé Julien Denormandie. Le ministre de l’Agriculture a exprimé sa gratitude à l’égard du monde agricole pour toutes les actions menées en faveur de l’indépendance alimentaire.
Christiane Lambert a tenu à saluer le changement du cap du gouvernement Macron au cours du quinquennat. Pour appuyer ses propos elle rappelle qu’il est passé de la surtransposition des normes, avec, notamment, l’ambition d’interdire le glyphosate, à une volonté affichée de préserver les productions agricoles françaises.
« En ce moment les vents sont porteurs pour l’agriculture »
Elle juge qu’un tournant majeur a été engagé lors du discours d’Emmanuel Macron le 20 mars 2020 pendant le premier confinement. Christiane Lambert s’est aussi réjoui des récentes mesures permettant à l’Union européenne de retrouver ses ambitions historiques de préservation de la souveraineté alimentaire. « En ce moment les vents sont porteurs pour l’agriculture », a insisté Christiane Lambert.
Tenu par le devoir de réserve avant les élections présidentielles, le ministre n’a pas pu entrer dans les détails des avancées gouvernementales en faveur de la souveraineté alimentaire. C’est avec une pointe d’humour qu’il a tout de même cité ces avancées, comme le plan gel, le Varenne de l’eau, la dérogation en faveur des néonicotinoïdes…
Souveraineté ou sécurité alimentaire ?
Pour son dernier congrès de la FNSEA en tant que président des JA, Samuel Vandaele, n’a pas manqué de souligner les grandes difficultés que rencontrent les jeunes nouvellement installés, ou en phase d’installation. Il demande donc au gouvernement de leur porter une attention particulière, avec notamment un accès prioritaire aux prêts garantis par l’État.
Invitée au congrès, Geneviève Pons, directrice du think-tank Europe Jacques Delors, préfère, quant à elle, parler de sécurité alimentaire pour tous plutôt que de souveraineté alimentaire nationale. Elle a parfois été chahutée par la salle pour certaines de ses prises de position, notamment sur la Pac et les plans stratégiques nationaux. Elle les juge trop propices aux productions agricoles « primaires » et pas assez favorables à la lutte contre le changement climatique.
En dépit du contexte géopolitique « dramatique » et du sérieux des sujets abordés, la bonne humeur n’était pas totalement absente de la salle. C’est d’ailleurs sous les applaudissements de la salle, que Philippe Monnet, président de la FDSEA 25, s’est permis une petite pique à l’adresse du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie : « Nos produits ancestraux, la fondue, les salaisons, méritent mieux qu’un E au Nutri-Score. »
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